jeudi 6 janvier 2011

PAS LA PEINE

À quoi bon ressasser
Ce que l’on a quitté,
De se plaindre, pleurer
Ce qu’on a délaissé…

Sans rien faire, sans rien dire,
Sans daigner plus aimer,
Tourner le dos, en rire,
À la malchance altier.

Poursuivre son chemin
Distrait, indifférent,
Impassible au chagrin
Comme s’il n’en était rien.

Rester muet, pourtant
Occuper son esprit.
Laisser passer le temps
De l’angoisse à l’ennui.

La blessure saignante
Avec le temps guérit,
La peine au cœur brûlante
Devient mélancolie.

Un jour l’étrange peine
Disparaîtra du cœur,
Beau souvenir, la Reine
Du Cœur, doux, sans heurt.

Cette existence grisâtre
Touchera fond un jour.
Sans tristesse, sans hâte,
Prendra fin mon séjour.

Jean-Yves Marin
(France, 05-01-2011)

samedi 1 janvier 2011

AU CAFÉ MOZART

Llegué al café Mozart
Cuando ya anochecía,
Sin más razón que el azar
Y la fatiga del día.
Después de mucho esperar
Preguntaron qué quería
Pedí un chatito de ron
Por desgracia no lo había
Ni cachaza, ni guarapo,
Ni kirsch, ni ker ni sangría,
Na' de ná, diz la barmaid,
Un café sí se podría
- ¡ café podrido no tomo !
- que no ! dijo, y sonreía
La guapa morena clara
De ojos zarcos :( Mamma mía !)
La dije sí, ¡ y agua fría !
El patrón, dijo, no pide
Ninguna otra mercancía,
Porque este café se muda
A otro sitio de la villa.
Al suburbio de los Blog,
En febrero es la partida.
- Ya lo veo, condenaron
Las ventanas a porfía...
Miré en torno, por si había
Algún rostro conocido
En esas mesas sombrías
Y advertí con sorpresa
Que estaban casi vacías,
Una dama muy amable
Me dirigió una sonrisa,
Otra con un ademán
Gentil, me dijo buen día
Y volvieron a lo suyo
A saludarse entre amigas,
A intercambiar parabienes
Y mil frases convenidas,
Yo me torné a mi café
Bebí un sorbo de agua fría,
Y seguí reflexionando
En mi soledad altiva,
En mi silencio orgulloso,
Sin quejarme de la vida
Que me hace sentirme solo
Aunque haya compañías.
Una venia hacia los otros
Y abandoné la partida,
Transpuse la angosta puerta,
Y me hundí en la noche fría,
Envuelto en manto de bruma,
De sombra y melancolía.


Jean-Yves Marin
Francia, 27/11/2008



Café MOZART

J’entrai au Café Mozart
Quand il faisait déjà nuit,
Mon seul guide le hasard
Et la fatigue, et l’ennui.
Après une très longue attente
On m’a dit : Que voulez-vous ?
J’ai demandé un p’tit rhum,
Dommage, il n’y en avait plus
Ni vodka, ni fine à l’eau,
Ni kirsch, ni ker, ni banyuls
Rien de rien, dit la barmaid,
Un café, ça se pourrait.
– Café pourri ?, pas envie !
– Mais non ! fit-elle, et souriait
La belle brune qui servait,
Aux yeux bleus : (Oh, mon Dieu !)
Je dis oui, et un verre d’eau !
– Le patron n’achète rien,
Rien de rien de marchandises
Parce qu’on va déménager
À un aut’quartier d’la ville
En banlieue, faubourg des Blog,
Le départ, c’est pour février .
– Je vois, on a tout fermé
Et condamné les fenêtres …
J’ai jeté un coup d’œil autour,
S’y avait quelqu’un d’connu
Parmi ceux assis à l’ombre,
Mais j’ai été assez surpris,
Aux tables presque personne.
Une dame très aimable
M’a adressé un sourire,
Une autre d’un geste affable
Me dit courtoisement :– Bonjour!
Et elles reprirent leur causette
À se saluer entre amies,
À échanger des boniments
Et mille phrases convenues.
Je retournai à mon café,
Je bus une gorgée d’eau,
Et à mes tristes réflexions
Sur ma solitude farouche,
Sur mon silence bourru,
Sans me plaindre de la vie
Qui me rend si solitaire
Même en bonne compagnie.
Un geste amical aux autres,
Je tirai ma révérence
Franchissant la porte étroite,
Je plongeai dans la nuit froide
Couvert d’un manteau de brume
Et sombre mélancolie.

Jean-Yves Marin
Francia, 27/11/2008
(Traduit par l’auteur
En France, le 24/12/2010).