lundi 14 juin 2010

MIS VERSOS SON MUY TRISTES
(Me lo dijo gentilmente una señora).

Mi Querida Señora, guapa morena,
quiere que a Vd. le lleven, con azucenas,
junto a la humeante jícara de chocolate
dulcísimos poemas de piñonate
para en su muelle lecho sentir contenta
deliciosos rubores de adolescencia,
principitos más tiernos que monaguillos
cubriéndola trémulos, de azucarillos
para sentir tan hondo amor tan tierno
que se pueble de estrellas su firmamento.
Y voces celestiales, en su himeneo,
le susurren baladas que es un contento,
aquéllas de Elvis Presley, dulce lamento.

Su demanda es legítima, Cara Señora,
empero, sin tiquismiquis le diré ahora
¿ Qué más normal que un bagre a la cacerola ?
pero ya no es posible tan a deshoras.
No se dan los melones si está nevando
ni dulcísimos versos si diluviando.
De grandes contratiempos vengo de vuelta,
y de la flor de azúcar no tengo espuertas,
ni natillas, vainilla, sólo agua fresca
para la dulce niña que la apetezca.
Juro por mis principios (no por los santos)
que mis versos sencillos huelen a cardos
azules y erizados, a espino blanco,
a aquéllos de mi tierra, serranos, francos,
con hojas verde obscuro, flores naranja,
a los que David Perry cantó alabanzas,
del cerro de Coquimbo triste, escarpado
pedazo del desierto, tan desolado.

Canto así, mis miserias, mis soledades,
las penas de los otros, sus humildades.
Nada de eso es alegre, es más bien triste,
¡ La vida ruda, Señora, también existe !
No escribiré, por tanto, las finas glosas
de las tiernas doncellas de Finojosa,
no soy ningún marqués de Santillana
ni un hidalgo manchego que el amor llama.
Le sugiero que lea versos, también novelas :
Corín Tellado, Delly. Los de Espronceda,
Baudelaire, Bécquer, Safo, María Labbé,
amorositos : Amado Nervo, los de Musset
No viendo en qué otra cosa poder servirla,
le digo adiós, Señora, o hasta la vista !

Jean-Yves Marin
Francia, à 21-08-2006



MES POÈMES SONT TELLEMENT TRISTES
(une dame me l’a dit très gentiment)

Ma très belle Princesse, ô brune aux yeux bleus,
Vous attendez impatiente outre des lys des prés,
Un grand bol chaud fumant du meilleur chocolat,
Des billets doux en poèmes sentant bon l’orgeat
Afin de ressentir, au creux du lit, contente,
Des rougeurs, des frissons de douce adolescente,
Et que des petits pages, tendres comme des anges
Vous couvrent de bisous doux comme des louanges
Pour vous émouvoir un si tendre amour dévoilent
Que votre ciel grandit à foison plein d’étoiles;
Que de douces voix célestes, votre hyménée chantant
À votre oreille chuchotent mille et une ballades
Telles celles d’Elvis Presley, dignes de Schéhérazade.

Votre requête est très juste, délicate Princesse,
Quoique, sans nul détour, il faut que je confesse :
Quoi de plus naturel qu’un exquis bar, au bleu ?
Mais ce n’est plus possible, si tard que ça, parbleu !
Les melons ne poussent pas où ‘y a d’la neige
Ni de poème aimable au déluge, sous la grêle.
Je suis las, de retour de graves contrariétés ;
Je n’ai pas des cabas de sucre fin comblés,
Ni crème renversée, ni vanille : seule l’eau fraîche
Pour la douce jeune fille qui en veuille, point revêche.
Je jure pour mes principes (non pas pour les santons)
Que mes vers plutôt simples ne sentent que les chardons
Bleuâtres et hérissés, ou aubépines blanches,
(Celles de l’ancien chez moi, montagnardes et franches)
Ceux à la feuille vert noirâtre, aux belles fleurs orange
Dont jadis David Perry chanta ses plus beaux louanges,
Ceux du tertre de Coquimbo, solitaire, si escarpé,
Tel un bout du désert, triste comme un cyprès.

C’est ainsi que je chante mes peines, mes solitudes,
Les malheurs de tous les autres et leurs servitudes.
Rien de cela n’est gai, ce serait plutôt triste,
La vie précaire, Madame, elle aussi existe !
Je n’voudrais pas écrire, donc, les fines raisons
De ces belles bergères d’antan, du Trianon,
Ni «à la manière de…» cette passion si tendre
De Paul et Virginie, D’Atala, de René, le genre
Que vous préférez, Madame. J’ose alors, suggérer,
Les vers et les romans : Corin Tellado,. Marie Labbé,
Delly, Baudelaire, Sapho, Musset, Manon Lescaut,
La Princesse de Clèves, merveilleuse, pur joyau.
N’ayant rien d'autre à dire, pour bien vous servir,
Chère Princesse, je vous dis: Mes hommages, Au plaisir !

Jean-Yves Marin
Traduction libre par l’auteur
Le 19 juin 2010